mardi 22 septembre 2009
Marx à JNU
Étant donné le nombre de pamphlets, caricatures et slogans marxistes recouvrant étonnamment les murs des divers bâtiments, je me suis dit que tout n'était pas tout à fait évident dans ce que ce pays a à vivre de contradictions et de transitions abruptes.
Nous sommes sans doute tous idéologiquement marqués ...
jeudi 17 septembre 2009
L'Inde peut-elle ne pas être contradictoire ?
Gilles Vernier soulignait le peu de cas que faisaient les indiens des contradictions, les vivant sans que cela semble leur poser le moindre problème. Ce trait me frappe également.
Dans un processus de 'modernisation', les traditions et coutumes en Europe ont généralement été laissées au passé, appartenant à l'histoire. On a une vision très linéaire de ce que l'on appelle 'progrès', et on le voit entrer en contradiction avec les us et coutumes d'antan. Un mode de vie moderne demande de les laisser de côté, de les mettre dans des écomusées et des fêtes traditionnelles, de se les remémorer non pas comme nous appartenant mais avec un regard objectif et curieux de celui qui regarde derrière soi, avec parfois un brin de nostalgie bien vite balayé : ça n'est en effet pas compatible avec le mode de vie présent, il y aurait contradiction et donc impossibilité de conciliation.
C'est ainsi qu'un indien projeté dans la sphère internationale, complètement occidentalisé, reviendra chercher son épouse dans son pays d'origine - épouse choisie avec soin par ses parents, en fonction de la condition, de la caste et de l'origine. C'est ainsi que s'il y a quinze-vingt ans, l'élite politique était majoritairement anglophone et détachée de la culture et des traditions de la région d'où elle venait (à cette époque, il aurait été arriéré de s'y intéresser ; il fallait imiter au mieux les occidentaux et en particulier les anglais), aujourd'hui cette tendance est complètement inversée (oui, c'est possible ... En Inde en tout cas) et des figures politiques, venant de l'Inde rurale et conservant les habitudes culturelles de la région de provenance, parviennent de plus en plus à faire leur place dans cette sphère qui leur aurait été interdite quinze ans plus tôt. Il aurait été impensable auparavant que puissent accéder à des postes de pouvoir des personnes ne maîtrisant pas l'anglais, c'est maintenant quelque chose qui ne heurte personne. A l'heure où parler anglais est un avantage comparatif conséquent, l'Inde est fière de revenir sur sa diversité culturelle et sur ses traditions. C'est en tout cas ce que nous a dit notre professeur de Hindi, a. d. Mathur, qui a insisté sur le fait que si l'anglais se diffuse en tant que langue parlée, c'est aujourd'hui bien moins considéré comme un critère de reconnaissance sociale, d'ascension.
Bien évidemment, lorsque l'on parle de contradiction, on ne peut s'empêcher de penser à la manière dont ils concilient extrême modernité et mode de vie encore traditionnel. On a l'impression que ça ne les heurte pas, que c'est naturel de vivre entre tous ces mondes qui coexistent. Ils ont l'habitude : ils doivent déjà vivre dans une sphère où religions, langues, cultures, coutumes toutes différentes se côtoient. Ils naissent, ils vivent, ils meurent dans les contrastes.
Il y a quelque chose de fou et d'intangible dans tout cela. L'Inde est une mosaïque.
L'Inde peut-elle être rationnelle ?
C'est une grande question. Je n'aurai pas la prétention d'y répondre, seulement celle de l'éclairer un peu plus.
L'Inde échappe invariablement à nos repères cartésiens - et c'est également à cette occasion que l'on prend conscience ô combien nous baignons depuis notre plus tendre enfance dans la culture de la raison.
Bon, mais voilà. Plongée dans cette foule colorée de la rue de Delhi, je ne vois pas d'homo oeconomicus. Vous me direz qu'en France non plus, mais c'est relativement plus flagrant ici. Un rickshaw, aussi pauvre soit-il, qui a décidé que c'était le moment de sa sieste ou qu'il n'avait pas envie d'aller là où on lui demande, refusera. Un commerçant qui discute avec quelqu'un d'autre ne s'empressera pas forcément de te servir. On ne semble pas voir l'intérêt d'inscrire le nom des rues et d'organiser de façon plus optimale (et ce ne serait pas bien difficile) la circulation ou le ramassage des déchets, ni pourquoi il faudrait une seule personne là où on peut en mettre une et trois qui regardent. Des situations seraient impensables en France, ou du moins s'en plaindrait-on avec vigueur : le client est roi. La culture du profit ne va pas sans une culture du service, permettant de valoriser le produit. Pour réussir, on se doit d'être organisé, productif, aimable, souriant, tout en anticipant la suite. Et il faut réussir.
En Inde, on a parfois l'impression que personne ne voit l'intérêt de faire autrement. Les choses fonctionnent mal, sont désorganisées, bidouillées, mais on finit par y arriver (avec une petite dose d’humour et une bonne dose de patience, sans avoir peur d’insister lour-de-ment).
Alors, si l’on suppose que tout individu se comporte de manière rationnelle, il faut chercher en Inde une autre racine de la rationalité. Si leur comportement me paraît irrationnel, ce ne serait qu’en tant qu’observateur extérieur et étranger à ce monde que je le considérerais comme tel. Soit.
J’ai alors un début de réponse : lorsqu’on est en Inde, il ne faut jamais oublier que ce pays qui fait environ cinq fois la superficie de la France compte quelques 1,2 milliard d’habitants … Nombre en augmentation. Dans un processus d’industrialisation, on a tendance à mécaniser les structures de production pour accroître la productivité. La rationalité impose que l’on optimise le rapport capital/travail de façon à maximiser le profit. Le hic, dans cette histoire, c’est que ça n’est pas facile d’occuper des millions d’individus si l’on commence à mécaniser toutes les structures … Et qu’il est plus avantageux d’employer cinq personnes dont quatre qui ne servent à rien (chose absurde et contre-productive, donc irrationnelle pour un français), ou plus sérieusement de continuer à utiliser la main-d’œuvre disponible dans les campagnes pour l’agriculture, plutôt que de chercher à être plus productif.
Parce qu’ici, on cherche peut-être moins à optimiser les moyens de production pour un résultat qu’à optimiser le résultat en fonction de l’utilisation la plus large possible du facteur humain. Gilles Vernier nous disait aujourd’hui qu’il est moins cher d’employer à temps plein des personnes pour ouvrir la porte d’un hôtel ou d’un magasin que d’installer un processus mécanique ; et de notre expérience, il est plus avantageux d’employer quelqu’un à faire notre lessive plutôt que d’acheter un lave-linge. Ici, il y a quelqu’un pour chaque tâche tout simplement parce qu’il ne peut pas en être autrement. Les bouches à nourrir ont heureusement la priorité sur la productivité (et peut-être pas encore assez, mais le sujet de la pauvreté et de la sous-nutrition en Inde est une autre histoire).
lundi 31 août 2009
green Delhi, clean Delhi
Excellent slogan, qui gagnerait à être mieux appliqué.
On s'habitue finalement, comme pour chaque chose ; l'être humain s'adapte à toute condition ne remettant pas en cause sa survie immédiate. Cela manque toutefois clairement d'une politique de gestion des déchets. Il y a de la place pour de brillantes initiatives, mais j'ai bien peur qu'elles soient vaines si elles ne viennent pas de l'intérieur. Il ne faut pas croire que l'on puisse avoir le moindre impact sur ce petit monde.
J'ai le sentiment que la réponse à chaque question que rencontre l'Inde proviendra d'elle-même, ou ne sera pas.
mercredi 19 août 2009
Les cours de mathématiques sont-ils universels ? [I]
Il le fallait. Ne pas vous narrer mes (més-)aventures mathématiques ici, ce serait oublier une bonne partie de mes occupations à Delhi.
Les mathématiques, langage universel. L'adaptation à l'anglais - même avec un accent indien - n'a donc pas été trop douloureuse.
Dès le premier jour, mon emploi du temps était fait par la charmante tête du département des mathématiques (également une de mes professeurs) :
- advanced analysis : un cours de troisième année à propos de convergence, de suites et de séries.
- linear programming : troisième année toujours, le seul cours ayant une application concrète en économie (notamment théorie des jeux et fonction de production sujette aux contraintes).
- partial differential equations : ben ... comme l'indique l'intitulé du cours.
L'amusant, dans cette histoire, c'est que d'une part les cours sont choisis pour un an entier (le concept de semestre paraît étranger à ce College), et d'autre part j'ai bien évidemment choisi des cours qui me seraient peut-être utiles par la suite et que je n'avais pas suivi auparavant ; je n'ai donc pas toutes les connaissances théoriques de base pour les suivre. L'apprenant, le professeur chargé des exchange students a un peu paniqué (un américain avait un jour essayé de prendre des cours de physique et avait échoué, ce qui pose un problème lorsqu'on prend un cours pour l'année entière) et a demandé à tous mes professeurs de me faire passer des tests pour s'assurer de mon niveau. Par conséquent ... Je suis en train de lire des cahiers de première et deuxième année pour rattraper rapidement tout cela.
Bon, mais le rythme des cours n'étant pas celui de Paris 6 (nous avons 'seulement' trois heures par semaine dans chaque matière + les tutorials), ça reste - je crois et l'espère - faisable.
Je suis dans ces trois cours avec la même classe de 44 élèves, en troisième année de mathématiques. C'est donc agréable de les retrouver, et également de découvrir une atmosphère de classe détendue (parfois un peu trop), bruyante, chahutant le professeur.
Je suis également un cours supplémentaire (i.e. qui ne compte pas) de probabilités, cours de deuxième année. Ça me permet d'aborder cette matière sous un angle différent, avec un professeur qui l'enseigne ma foi plutôt bien - même si cela se traîne parfois un peu.
Les cours de mathématiques, c'est fascinant. Je ne crois pas que l'on puisse entendre dans une autre classe, par exemple : "I ask this question to a subset of the class ...". Les professeurs sont tous féminins au sein de ce département, sauf celui qui enseigne notamment les cours de probabilités et de programmation linéaire.
Il est vrai que les Indiens ont une réelle dextérité au calcul et à la manipulation de fonctions ; le comparatif avec notre manière de concevoir et d'enseigner la matière est amusant. Ils auront par exemple je crois plus de mal à manipuler le langage logique ou certains points d'algèbre.
Un étudiant ici arrive avec son cahier et un stylo. C'est tout. Pourquoi s'encombrer d'une règle, un crayon de papier, une gomme, etc. pour faire des mathématiques ? La pureté des formes importe peu, alors la matière est épurée de tout artifice et on gribouille des graphiques sur des coins de cahiers parfois sans ligne. C'est édifiant, parce qu'au fond, cela n'empêche nullement de faire des mathématiques - et peut-être bien au contraire. Un hommage à Alexis P. : pour faire des mathématiques, il suffit d'avoir un tableau noir et une craie. Ici, un cahier et un stylo. C'est un peu le même concept. (le professeur dispose également d'un tableau noir et d'une craie)
Les classes sont bondées, et régulièrement trop petites pour contenir tout ce petit monde. Alors même en comptant les absents, on finit sur des chaises à écrire sur nos genoux. J'ai une fois fini par terre, mais ça reste je crois une exception. Ici, les mathématiques ne sont pas une voie désertée.
Le rayon de la bibliothèque de St Stephens consacré aux mathématiques est assez impressionnant, je dois bien l'avouer. Les livres sont assez vieux dans l'ensemble - comme la plupart des livres de cette bibliothèque, d'ailleurs. Mais en mathématiques, ça n'empêche nullement d'étudier : dans cette discipline, les contributions exceptionnelles n'ont pas le même impact que dans d'autres sciences.
Je suis également un cours de Hindi, mais comme ça n'est pas des mathématiques, je me contenterai d'une petite anecdote :
En Hindi, il y a plein de lettres qui nous semblent, à nous Français, à peu près similaires dans la prononciation mais qui sont des lettres à part entière pour eux. Nous arrivons à la rigueur à établir la différence lorsque notre professeur les prononce, mais les prononcer nous-mêmes paraît bien difficile. Pour nous aider, il nous demande de prononcer des mots en anglais dans lesquels est censé être contenu le fameux son. Un exemple mémorable : 'd', comme dans 'without'.
Ah ... cet accent indien.
mardi 4 août 2009
De Roorkee à Mussooree ...
Navjot (à droite sur la photo), étudiante de St Stephen en échange à Sciences-po l'année dernière, nous a très gentiment invités à passer un week-end chez elle, à Roorkee. Nous avons fait le trajet en bus avec sa soeur Tanveer (à gauche) et une de ses amies, Advaeita (entre Tanveer et Florence), également étudiante à St Stephen. Le trajet en lui-même n'a pas été de tout repos : la climatisation est tombée en panne en milieu de trajet (incident banal ici), ce qui nous a conduit à prendre un autre bus non climatisé mais disposant de fenêtres ouvertes, heureusement. Non pas que l'on soit tout à fait bien, mais du moins un peu moins exposés à la chaleur.
J'aimerais insister tout particulièrement sur le sens de l'accueil dans une famille indienne. Très chaleureuse, cette petite famille nous entoura vraiment durant ces deux jours. La mère nous cuisina tant et tant de petits et excellents plats. Navjot, Tanveer et leur amie Advaeita furent de très agréables compagnes de route, souriantes, affectueuses et extrêmement attentionnées.
En route !
On n'accorde à la ligne de démarcation aucune signification, qu'elle soit droite, en pointillés, ou qu'elle n'existe tout simplement pas. Le but du jeu est de rouler au milieu de la route en klaxonnant pour signaler et à ceux de son côté que l'on double, et à ceux de l'autre côté que l'on est au milieu de la route voire carrément sur leur voie. Puis, la règle consiste à se rabattre au dernier moment lorsque ce ne sont plus des deux-roues ou rickshaws mais bien une voiture qui arrive en face, de façon à ce que tous les véhicules concernés klaxonnent pour faire monter la pression et voir qui cédera le premier.
Ça se joue au final à une demi-seconde près, parfois moins. Quelques cris d'occidentaux effarouchés plus tard, tout le monde est sain et sauf et c'est reparti pour le slalom entre les véhicules des deux côtés.
Un second conseil : lorsque vous montez dans un véhicule - je dis bien véhicule, parce que peu importe lequel -, ou vous faites une confiance aveugle à votre conducteur, ou il est préférable de fermer les yeux et se réfugier sous la banquette (si toutefois vous n'êtes pas sensible aux nombreuses disparités de la route qui vous secoueront). De toute façon, une fois embarqué, vous n'avez plus le choix ... Le résultat sera le même.
Et les piétons, dans tout ça, me direz-vous ? Les piétons traversent quand ils peuvent, et surtout pas sur les très rares passages piétons rencontrés. Il faut savoir avant tout qu'un véhicule ne s'arrêtera pas pour laisser traverser un piéton. Tout au plus ralentira-t-il sans oublier de klaxonner (et oui, aussi à cette occasion).
On se demande alors comment sont-ils encore vivants, tous, sur les routes ... Mais en fait, étant donné la densité de trafic, la vitesse moyenne n'est pas très élevée - ce qui réduit d'autant les risques d'accident. Par ailleurs, l'indien maîtrise sa conduite, malgré tout. Et fort heureusement.
Il y a, d'après mon expérience, bien plus de peur que de mal.
jeudi 23 juillet 2009
Un croissant de Soleil ...
mardi 21 juillet 2009
Delhi électrifiée (?)
L'électricité à Delhi, c'est tout un poème. Elle est un des plus flagrants croisements de deux réalités qui s'affrontent : l'Inde pauvre, l'Inde aux moyens encore limités et anciens ... et l'Inde ultra-moderne, en plein développement.
Nous avons entrepris sur cette constatation une théorie de l'évolution : si les indiens sont de petite taille, c'est seulement parce qu'autrement, leur tête se prendrait dans les fils électriques. Ca nous a semblé une explication pertinente et un fort bel exemple de la sélection naturelle. Cela dit, et en riant moins, il est vrai que dans l'immense masse qui n'a pas les moyens d'avoir un filtre à eau chez soi ou de consommer de l'eau potable, il faut être sacrément costaud pour survivre en buvant à même la main de l'eau tiède et d'une couleur louche dans une vieille bouteille en plastique (j'ai moi-même vu un conducteur de rickshaw - l'attendant dans le véhicule - boire de cette manière, d'où mon effroi).
Passons, je parlais des installations électriques. Pardonnez cette digression.
Donc, on est tout étonné de trouver des lumières et des prises qui marchent parfaitement dans ces conditions. Et mise à part la panne d'électricité (rare selon les critères indiens, c'est-à-dire tout de même suffisamment courante pour avoir eu l'occasion d'en vivre une de deux heures au St Stephen's College, et pour nous éclairer aux bougies chauffe-plat ce soir dans notre appartement), nous pouvons ma foi dire que nous sommes fort satisfaits des installations ici.
Les complications commencent - en dehors des coupures incompréhensibles - lorsqu'on se confronte à une série d'interrupteurs tous semblables, et ce dans CHAQUE pièce. Parce qu'il y a un interrupteur pour tout. Pour chaque lampe, pour le filtre à eau, pour faire monter l'eau (si l'on n'appuie pas sur cet interrupteur une demi-heure le matin et le soir, on n'a tout simplement plus d'eau du robinet ... Et lorsque la douche de cinq personnes en dépend, ça devient une situation rapidement ingérable), pour les brasseurs d'air au plafond, pour les différentes prises, etc. Alors, bien évidemment, si l'on savait à quelle fonction correspond chaque interrupteur, ça ne serait pas drôle. Il faut y aller au feeling, et après de nombreux essais non-concluants, trouver à tâtons l'interrupteur que l'on désirait. Et même dans ce cas, il y a toujours des interrupteurs dont on ne connaît pas la fonction exacte, dont on ne sait pas trop à quoi ils servent, au juste ... Ce qui donne des petites frayeurs, parce qu'ici, la moindre bêtise nous supprime l'électricité, l'air conditionné, l'eau courante, l'eau potable ... Ou bien même tout ensemble dans nos pires cauchemars.
Il faut bien que notre vie ait un petit goût d'aventure, ici. Sinon, qu'aurait-on à raconter ?
Reportage animalier [I] - le rat du ciel de Delhi
Les moineaux, pigeons et autres volatiles bien connus ne nous font plus rêver ... Laissez moi vous présenter les rats du ciel à l'indienne. Ils sont noirs, avec le bec jaune (ou plus rarement, orange) et les yeux cerclés de jaune (ou plus rarement, de orange). En dehors des corbeaux, ils composent la majeure partie des volatiles - dans le nord de Delhi en tout cas.
Ils font nettement plus exotiques que les nôtres du fait que nous n'en voyons pas chez nous, mais ils accomplissent à peu près le même boulot : c'est assez universel, chez les animaux, de ramasser les poubelles des hommes en ville.
Si un jour j'ai l'occasion de visiter l'hôpital pour oiseaux, je vous en raconterai peut-être d'autres sur ces charmants volatiles qui peuplent le ciel brouillé par les nuages ou la pollution, on ne peut ici différencier (je suis mauvaise langue, nous sommes en période de mousson ce qui est une bonne raison pour que le ciel soit gris ou tout du moins nuageux, et par ailleurs nous avons déjà aperçu le ciel bleu ici - ça n'est d'ailleurs finalement pas très agréable, le soleil n'y est pas des plus tendres).
Delhi insatisfaisable
Je ne m'explique pas ce phénomène. Je l'ai rarement ressenti aussi vivement que pour ce lieu. Il manque un nombre invraisemblable de choses dans une photo de Delhi. Delhi, c'est le mouvement, c'est le bruit, c'est l'odeur, c'est toute une atmosphère qu'une photo plate et exclusive se montre bien incapable de rendre ; et j'en accuse en premier lieu mon non-talent de photographe.
Mais moi qui ai pour objectif de vous montrer Delhi, j'ai comme l'impression de ne pas vous la montrer, de vous la montrer déformée, fausse, incorrecte. C'est extrêmement frustrant.
Par voie de conséquence, ce message d'insatisfaction n'aura pas d'image : ce serait le comble. Toutefois, je ne renonce pas ; en attendant d'être plus douée pour faire transparaître une atmosphère à travers une image, je vous promets de continuer à en poster malgré tout.
Qui ne tente rien n'a rien.
Les commerçants de Delhi [I] - l'extérieur
Les rues de Delhi sont constituées sur les côtés de centaines de petits magasins, généralement en longueur, qui donnent sur la rue ; sans oublier les nombreux ouvriers travaillant à même le sol du trottoir - on peut ainsi slalomer, par exemple, entre des matelas étalés sur le trottoir, en train d'être cousus. Ou encore, un double de ses clés est fabriqué à la main, sur le trottoir, par un indien assis là. Sans oublier les dizaines de petites charettes qui vendent bananes, mangues et autres fruits ayant l'air souvent douteux et qui le sont même parfois réellement.
Il faut pouvoir imaginer qu'en Inde, en tout cas à Delhi, il y a quelqu'un pour tout. Vous me direz qu'étant donné leur nombre, cela semble une construction assez logique ... Et de fait. Mais c'est impressionnant tout de même. Tout le monde est plus ou moins affairé ici et là, ou dort à l'ombre (mais sous une chaleur écrasante) à même le sol au milieu des détritus, ou encore pour les conducteurs de rickshaw dans leur véhicule, élaborant une position que je ne saurais même imiter.
dimanche 19 juillet 2009
La négociation d'un trajet en rickshaw
Delhi : l'arrivée
En un trajet entre l'aéroport et mon hôtel, j'ai eu le temps d'apercevoir Delhi : de nombreux endroits sales, bruyants, on y conduit bien évidemment au klaxon - et il serait dangereux d'y respecter le code de la route -, une ou deux vaches s'y promènent encore et des chiens errants, abattus par la chaleur, sont étendus sur le trottoir à intervalles réguliers. Et par dessus tout, ça sent l'Inde. Une odeur indéfinissable, une odeur familière - la même que celle d'un sachet aromatique offert par mon grand-père après un voyage en Inde. Je m'y sens rapidement à l'aise.
Le chauffeur qui me conduisit à l'hôtel n'a rien d'un chauffeur, sa voiture rien d'un taxi (ici, seuls les rickshaws sont relativement homogènes) et bien sûr, il n'y a rien pour attacher la ceinture de sécurité à l'arrière ("no belt, no belt !"). Peu importe, nous voilà partis. Je ris de voir tous ces petits détails, je ris de la conduite qui pourrait paraître dangereuse si on avait seulement l'occasion d'aller plus vite - mais la foule de véhicules nous en empêche fort prudemment -, je ris de voir, d'avoir enfin sous mes yeux ce dont je rêve depuis si longtemps.
Marjolaine m'attend dans la chambre d'hôtel, elle est arrivée depuis quatre jours. Voir une tête connue en arrivant est bien agréable après ce long voyage. Elle a déjà trouvé un appartement grâce à l'appui d'un ami indien d'une étudiante française (Clara, Lyon 3, droit), elle-même ayant rencontré Florence. Les deux colocations se feront dans deux appartements l'un au-dessus de l'autre : Florence, Clara et Steven (Lyon 3, achats) en bas, Marjolaine et moi en haut.