jeudi 23 juillet 2009

Un croissant de Soleil ...


Une éclipse totale drôlement longue ... Nous avons découvert il y a deux jours que nous allions vivre, nous, en Inde, un moment privilégié du cycle des astres. Se lever à 6h10 était de mise, comme vous pouvez l'imaginer !


Et pour une fois, les nuages se sont un peu espacés à l'endroit du soleil juste pendant l'éclipse, ce qui était un joli coup de chance. J'en ai profité pour tester les capacités de mon appareil photo qui a réussi à capter le croissant de soleil. Bien évidemment, il y aura sans doute des milliers d'autres photos fort jolies de cette éclipse prises sur l'axe de l'éclipse totale (à Delhi, c'était seulement à 83%). Mais celles-ci sont prises à l'artisanal, sur la terrasse en haut de mon appartement ... Elles disposent d'une valeur affective.


Les couleurs sont faussées, ça n'était pas vraiment dans les tons rose-orange lors de l'éclipse. C'était plutôt gris-bleu-jaune. Mais bon ... Je suis déjà ravie que mon petit appareil ait pu capter un croissant de soleil.

mardi 21 juillet 2009

Delhi électrifiée (?)


L'électricité à Delhi, c'est tout un poème. Elle est un des plus flagrants croisements de deux réalités qui s'affrontent : l'Inde pauvre, l'Inde aux moyens encore limités et anciens ... et l'Inde ultra-moderne, en plein développement.



Les installations électriques laissent entrevoir des fils qui pendent un peu partout dans les rues, qui semblent même s'emmêler. Ca n'empêche nullement une famille de classe moyenne - bien qu'habitant dans un logement à surface restreinte - d'avoir un super grand écran plat de télévision et un ordinateur dernier cri avec une connexion internet qui ne fonctionne pas si mal que ça - la preuve.


Nous avons entrepris sur cette constatation une théorie de l'évolution : si les indiens sont de petite taille, c'est seulement parce qu'autrement, leur tête se prendrait dans les fils électriques. Ca nous a semblé une explication pertinente et un fort bel exemple de la sélection naturelle. Cela dit, et en riant moins, il est vrai que dans l'immense masse qui n'a pas les moyens d'avoir un filtre à eau chez soi ou de consommer de l'eau potable, il faut être sacrément costaud pour survivre en buvant à même la main de l'eau tiède et d'une couleur louche dans une vieille bouteille en plastique (j'ai moi-même vu un conducteur de rickshaw - l'attendant dans le véhicule - boire de cette manière, d'où mon effroi).

Passons, je parlais des installations électriques. Pardonnez cette digression.

Donc, on est tout étonné de trouver des lumières et des prises qui marchent parfaitement dans ces conditions. Et mise à part la panne d'électricité (rare selon les critères indiens, c'est-à-dire tout de même suffisamment courante pour avoir eu l'occasion d'en vivre une de deux heures au St Stephen's College, et pour nous éclairer aux bougies chauffe-plat ce soir dans notre appartement), nous pouvons ma foi dire que nous sommes fort satisfaits des installations ici.

Les complications commencent - en dehors des coupures incompréhensibles - lorsqu'on se confronte à une série d'interrupteurs tous semblables, et ce dans CHAQUE pièce. Parce qu'il y a un interrupteur pour tout. Pour chaque lampe, pour le filtre à eau, pour faire monter l'eau (si l'on n'appuie pas sur cet interrupteur une demi-heure le matin et le soir, on n'a tout simplement plus d'eau du robinet ... Et lorsque la douche de cinq personnes en dépend, ça devient une situation rapidement ingérable), pour les brasseurs d'air au plafond, pour les différentes prises, etc. Alors, bien évidemment, si l'on savait à quelle fonction correspond chaque interrupteur, ça ne serait pas drôle. Il faut y aller au feeling, et après de nombreux essais non-concluants, trouver à tâtons l'interrupteur que l'on désirait. Et même dans ce cas, il y a toujours des interrupteurs dont on ne connaît pas la fonction exacte, dont on ne sait pas trop à quoi ils servent, au juste ... Ce qui donne des petites frayeurs, parce qu'ici, la moindre bêtise nous supprime l'électricité, l'air conditionné, l'eau courante, l'eau potable ... Ou bien même tout ensemble dans nos pires cauchemars.

Il faut bien que notre vie ait un petit goût d'aventure, ici. Sinon, qu'aurait-on à raconter ?

Reportage animalier [I] - le rat du ciel de Delhi




















Les moineaux, pigeons et autres volatiles bien connus ne nous font plus rêver ... Laissez moi vous présenter les rats du ciel à l'indienne. Ils sont noirs, avec le bec jaune (ou plus rarement, orange) et les yeux cerclés de jaune (ou plus rarement, de orange). En dehors des corbeaux, ils composent la majeure partie des volatiles - dans le nord de Delhi en tout cas.

Ils font nettement plus exotiques que les nôtres du fait que nous n'en voyons pas chez nous, mais ils accomplissent à peu près le même boulot : c'est assez universel, chez les animaux, de ramasser les poubelles des hommes en ville.

Si un jour j'ai l'occasion de visiter l'hôpital pour oiseaux, je vous en raconterai peut-être d'autres sur ces charmants volatiles qui peuplent le ciel brouillé par les nuages ou la pollution, on ne peut ici différencier (je suis mauvaise langue, nous sommes en période de mousson ce qui est une bonne raison pour que le ciel soit gris ou tout du moins nuageux, et par ailleurs nous avons déjà aperçu le ciel bleu ici - ça n'est d'ailleurs finalement pas très agréable, le soleil n'y est pas des plus tendres).

Delhi insatisfaisable

Je ne suis pas satisfaite. L'image de Delhi trahit en quelque sorte cette ville. Une photo de Delhi, ça n'est pas, ça n'est plus Delhi.

Je ne m'explique pas ce phénomène. Je l'ai rarement ressenti aussi vivement que pour ce lieu. Il manque un nombre invraisemblable de choses dans une photo de Delhi. Delhi, c'est le mouvement, c'est le bruit, c'est l'odeur, c'est toute une atmosphère qu'une photo plate et exclusive se montre bien incapable de rendre ; et j'en accuse en premier lieu mon non-talent de photographe.

Mais moi qui ai pour objectif de vous montrer Delhi, j'ai comme l'impression de ne pas vous la montrer, de vous la montrer déformée, fausse, incorrecte. C'est extrêmement frustrant.

Par voie de conséquence, ce message d'insatisfaction n'aura pas d'image : ce serait le comble. Toutefois, je ne renonce pas ; en attendant d'être plus douée pour faire transparaître une atmosphère à travers une image, je vous promets de continuer à en poster malgré tout.

Qui ne tente rien n'a rien.

Les commerçants de Delhi [I] - l'extérieur


Les rues de Delhi sont constituées sur les côtés de centaines de petits magasins, généralement en longueur, qui donnent sur la rue ; sans oublier les nombreux ouvriers travaillant à même le sol du trottoir - on peut ainsi slalomer, par exemple, entre des matelas étalés sur le trottoir, en train d'être cousus. Ou encore, un double de ses clés est fabriqué à la main, sur le trottoir, par un indien assis là. Sans oublier les dizaines de petites charettes qui vendent bananes, mangues et autres fruits ayant l'air souvent douteux et qui le sont même parfois réellement.

Il faut pouvoir imaginer qu'en Inde, en tout cas à Delhi, il y a quelqu'un pour tout. Vous me direz qu'étant donné leur nombre, cela semble une construction assez logique ... Et de fait. Mais c'est impressionnant tout de même. Tout le monde est plus ou moins affairé ici et là, ou dort à l'ombre (mais sous une chaleur écrasante) à même le sol au milieu des détritus, ou encore pour les conducteurs de rickshaw dans leur véhicule, élaborant une position que je ne saurais même imiter.



Il y a même quelqu'un là, dans la rue, afin de curer les oreilles. Si si ... On nous l'a proposé.



C'est un joyeux bazar.

dimanche 19 juillet 2009

La négociation d'un trajet en rickshaw


Négocier avec les rickshaws s'avère difficile : beaucoup de choses jouent en notre défaveur.

Déjà, nous sommes blancs - ce qui nous case automatiquement dans la catégorie "touristes", à plus forte raison dans la catégorie "riches". Une femme indienne nous a dit qu'un homme blanc pauvre en Inde mourrait : aucun indien ne lui viendrait en aide, parce que par définition, il est riche. Je ne sais si elle a exagéré, mais cela donne une bonne idée du stéréotype blanc occidental.

Ensuite, nous ne parlons pas un mot de hindi et cela nous désavantage bien plus que le fait d'être blanc. Ici, tout le monde parle hindi et pour la plupart seulement hindi ; il va donc falloir nous y mettre très rapidement. Ca n'est pas désagréable en tant que motivation suffisante pour progresser dans l'apprentissage de la langue, ne serait-ce que pour communiquer.

Enfin, lorsqu'une jeune fille blanche se promène seule, elle peut aussi tomber sur un conducteur de rickshaw (à moteur - ils parlent parfois un peu l'anglais) qui la mènera n'importe où pour un prix modique ; moyennant quoi il l'emmènera dans des magasins jusqu'à ce que la banque ouvre, lui laissera son numéro de portable pour si jamais un jour elle est libre, voudra l'attendre près de l'hôtel et tentera de l'emmener chez des amis.

Le rickshaw comme moyen de transport à Delhi, c'est folklorique.

Delhi : l'arrivée


Vous pouvez imaginer combien était important le premier pas que j'ai posé en Inde : empli d'atteintes, de rêves (d'enfant ?), de joie. Non pas qu'arriver à 22h45 (après de nombreuses turbulences) dans l'aéroport de Delhi où une chaleur et un air saturé d'humidité m'attendaient soit fondamentalement agréable ; mais j'aurais tout supporté à ce moment-là.
En un trajet entre l'aéroport et mon hôtel, j'ai eu le temps d'apercevoir Delhi : de nombreux endroits sales, bruyants, on y conduit bien évidemment au klaxon - et il serait dangereux d'y respecter le code de la route -, une ou deux vaches s'y promènent encore et des chiens errants, abattus par la chaleur, sont étendus sur le trottoir à intervalles réguliers. Et par dessus tout, ça sent l'Inde. Une odeur indéfinissable, une odeur familière - la même que celle d'un sachet aromatique offert par mon grand-père après un voyage en Inde. Je m'y sens rapidement à l'aise.

Le chauffeur qui me conduisit à l'hôtel n'a rien d'un chauffeur, sa voiture rien d'un taxi (ici, seuls les rickshaws sont relativement homogènes) et bien sûr, il n'y a rien pour attacher la ceinture de sécurité à l'arrière ("no belt, no belt !"). Peu importe, nous voilà partis. Je ris de voir tous ces petits détails, je ris de la conduite qui pourrait paraître dangereuse si on avait seulement l'occasion d'aller plus vite - mais la foule de véhicules nous en empêche fort prudemment -, je ris de voir, d'avoir enfin sous mes yeux ce dont je rêve depuis si longtemps.

Marjolaine m'attend dans la chambre d'hôtel, elle est arrivée depuis quatre jours. Voir une tête connue en arrivant est bien agréable après ce long voyage. Elle a déjà trouvé un appartement grâce à l'appui d'un ami indien d'une étudiante française (Clara, Lyon 3, droit), elle-même ayant rencontré Florence. Les deux colocations se feront dans deux appartements l'un au-dessus de l'autre : Florence, Clara et Steven (Lyon 3, achats) en bas, Marjolaine et moi en haut.