mardi 4 août 2009

En route !

(Dans un rickshaw-vélo sous la pluie)

Le trafic indien est un trait culturel auquel on accorde une attention particulière, pour la simple et bonne raison que c'est, je crois, ce qui depuis mon arrivée ici provoque les plus grandes frayeurs.

Il faut d'abord concevoir que le concept du 'conduire du côté gauche de la route' a un sens tout relatif ici, voire pas de sens du tout. Le principe consiste - moyennant de nombreux et vigoureux coups de klaxon - à tenter de doubler autant que faire se peut (c'est-à-dire indifféremment par la droite ou par la gauche, l'univers des possibles comprenant ces deux options) les rickshaws, voitures, camions, nombreux deux-roues et quelques charrettes tirées par des boeufs de son côté (le gauche, je vous le rappelle - en tout cas à l'origine) en tentant d'éviter les rickshaws, voitures, camions, nombreux deux-roues et quelques charrettes tirées par des boeufs de l'autre côté (le droit, donc). Rouler à contresens ne pose aucun problème ici ... C'est tout au plus dangereux, ça n'a rien d'anormal.


On n'accorde à la ligne de démarcation aucune signification, qu'elle soit droite, en pointillés, ou qu'elle n'existe tout simplement pas. Le but du jeu est de rouler au milieu de la route en klaxonnant pour signaler et à ceux de son côté que l'on double, et à ceux de l'autre côté que l'on est au milieu de la route voire carrément sur leur voie. Puis, la règle consiste à se rabattre au dernier moment lorsque ce ne sont plus des deux-roues ou rickshaws mais bien une voiture qui arrive en face, de façon à ce que tous les véhicules concernés klaxonnent pour faire monter la pression et voir qui cédera le premier.
Ça se joue au final à une demi-seconde près, parfois moins. Quelques cris d'occidentaux effarouchés plus tard, tout le monde est sain et sauf et c'est reparti pour le slalom entre les véhicules des deux côtés.

La partie la plus amusante du jeu a lieu dans les montagnes, lorsque les routes sont escarpées et moins larges, avec la contrainte supplémentaire du gouffre d'un côté et du mur de roc de l'autre (c'est un niveau au-dessus). Les règles ne changent bien évidemment pas.

Ce qui donne lieu à un premier conseil : si vous êtes malades sur les routes indiennes (ce qui ne manquera pas d'arriver si d'aventure vous êtes en Inde), ne prenez pas le siège à côté du conducteur. En France, c'est le siège qui permet d'être le moins malade. En Inde, voir la route n'arrange vraiment rien, et empire même le malaise. Une expérience malheureuse ...

Un second conseil : lorsque vous montez dans un véhicule - je dis bien véhicule, parce que peu importe lequel -, ou vous faites une confiance aveugle à votre conducteur, ou il est préférable de fermer les yeux et se réfugier sous la banquette (si toutefois vous n'êtes pas sensible aux nombreuses disparités de la route qui vous secoueront). De toute façon, une fois embarqué, vous n'avez plus le choix ... Le résultat sera le même.

Et les piétons, dans tout ça, me direz-vous ? Les piétons traversent quand ils peuvent, et surtout pas sur les très rares passages piétons rencontrés. Il faut savoir avant tout qu'un véhicule ne s'arrêtera pas pour laisser traverser un piéton. Tout au plus ralentira-t-il sans oublier de klaxonner (et oui, aussi à cette occasion).

On se demande alors comment sont-ils encore vivants, tous, sur les routes ... Mais en fait, étant donné la densité de trafic, la vitesse moyenne n'est pas très élevée - ce qui réduit d'autant les risques d'accident. Par ailleurs, l'indien maîtrise sa conduite, malgré tout. Et fort heureusement.

Il y a, d'après mon expérience, bien plus de peur que de mal.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire